Le blog des doctorants de l'ED 139

mardi 27 décembre 2011

Entretien avec Baptiste Bondu : "Sextus Empiricus et les choses apparentes"

Baptiste Bondu est doctorant en Philosophie.
Il prépare actuellement une thèse intitulée "Sextus Empiricus et les apparences. Les fondements de l'épistémologie hellénistique à l'épreuve du scepticisme."


Julien Lacaille : Qu’est-ce que le scepticisme ?
Baptiste Bondu : C’est déjà une question compliquée, parce que la définition du scepticisme est postérieure au scepticisme antique. Si l’on prend le scepticisme tel que le définit Sextus Empiricus, il s’agit d’une recherche, la skepsis (d’où le mot scepticisme), un examen des thèses philosophiques, examen qui aboutit à une mise en suspens de ces thèses considérées comme égales en vérité et donc impossibles à départager. C’est donc un type particulier de recherche dans la mesure où elle est essentiellement recherche des arguments qui mettent en cause la prétention à la vérité.

Julien Lacaille : Quelle différence y a-t-il alors entre les philosophes de l’école pyrrhonienne et ceux de la Nouvelle Académie (Carnéade ou Arcésilas par exemple) ?
Baptiste Bondu : Pour Sextus Empiricus, la différence serait que pour un Néo-Académicien la recherche s’arrête à un moment donné, parce qu’on considère qu’il est impossible d’arriver à une vérité quelconque, alors que le Pyrrhonien, le Sceptique authentique (parce que Sextus revendique le scepticisme uniquement pour les Pyrrhoniens), ce serait celui qui n’arrête jamais cette activité de recherche, parce qu’à chaque fois qu’on découvre un nouvel argument on peut lui opposer un autre argument. Il est tout à fait possible au fond d’être convaincu par une thèse mais l’effort du Sceptique consiste précisément de renverser celle-ci par une autre thèse. Il y a une autre différence que souligne Sextus, cette fois dans le domaine de l’action : le Néo-Académicien recherche une sorte de critère rationnel pour l’action, par exemple Carnéade va s’appuyer sur les « apparences convaincantes », chercher un certain nombre de critères qui vont permettre de dire que telle apparence est plus ou moins convaincante, critères d’après lesquels on peut faire tel ou tel choix pour agir.

Julien Lacaille : On tombe dans un probabilisme du point de vue pratique…
Baptiste Bondu : Oui. Alors que pour Sextus, ce n’est pas du tout le critère : on sort entièrement de la rationalité philosophique de l’action et on entre dans une forme de conformisme moral fondé sur les apparences les plus communes et les plus ordinaires. Pour résumer, le scepticisme de la Nouvelle Académie reste de bout en bout, y compris dans le domaine pratique, une entreprise philosophique, alors qu’avec Sextus on sort pratiquement de la philosophie.

Julien Lacaille : Mais alors quand la suspension du jugement peut-elle se faire si on est indéfiniment en recherche ?
Baptiste Bondu : C’est assez compliqué en vérité. J’ai l’impression, plus je lis les textes de Sextus, que la suspension est une sorte d’idéal asymptotique, qui est recherché par le Sceptique parce qu’elle lui permet d’atteindre la sérénité, le calme de l’esprit. Et à chaque fois qu’il cherche à dogmatiser, à dire qu’une chose lui semble plus vraie ou plus fausse, l’effort du sceptique consistera à trouver un argument qui permettra de rétablir l’équilibre dans la mise en suspens parce que c’est à cette seule condition qu’il peut atteindre une forme de sagesse, la sérénité.

Julien Lacaille : De ce fait si on tend indéfiniment, asymptotiquement vers cet idéal,  la sagesse n’est-elle pas un idéal inaccessible ?
Baptiste Bondu : Je tends à penser que Sextus Empiricus est finalement très stoïcien dans sa conception de la sagesse. La sagesse est plus un modèle qu’un état que l’on atteint vraiment. C’est pourquoi le philosophe pyrrhonien est tendu vers la sagesse, vers cet idéal, comme le philosophe stoïcien, plutôt qu’il n’y accède réellement.

Julien Lacaille : Que sait-on de Sextus Empiricus ?
Baptiste Bondu : Pas grand-chose en fait. Quelques notices chez Diogène Laërce qui fait une chronologie des Pyrrhoniens à travers l’histoire et qui permet de le situer à peu près au IIème siècle après J.-C. Mais il est très peu cité par d’autres auteurs, et lui-même ne fait référence qu’à des textes anciens, qui datent pour la plupart du premier siècle avant J.-C.

Julien Lacaille : Il était médecin, je crois…
Baptiste Bondu : Effectivement, il est fortement probable qu’il ait été médecin. Il renvoie à ses propres écrits médicaux qui sont aujourd’hui perdus. Il y a notamment une sorte de polémique autour de la méthode du scepticisme qui semble imprégnée de débats autour de la question de l’empirisme en médecine. Sextus était un nom très fréquent dans l’antiquité et Empiricus est un surnom  qui fait probablement allusion à cette secte médicale, à l’empirisme, lui-même très influencé par le scepticisme pyrrhonien. Mais à part ça, on sait vraiment peu de choses : on ignore où il vivait par exemple. 

Julien Lacaille : Quelle est la place de Sextus Empiricus dans l’histoire du scepticisme antique, par rapport à d’autres philosophes tels Pyrrhon ou Énésidème ? Est-ce qu’il y a une originalité de la pensée de Sextus par rapport à ses prédécesseurs ? 
Baptiste Bondu : C’est quelque chose de nouveau dans la recherche sur le scepticisme antique. Même si déjà, à la fin du XIXème siècle, Victor Brochard, dans son ouvrage [Les Sceptiques grecs] qui a encore une grande valeur aujourd’hui, avait fait une différence entre ces trois figures du scepticisme et dit que le scepticisme de Sextus Empiricus aurait été une forme de précurseur du positivisme ! Mais cette interprétation a été contestée depuis. On en vient aujourd’hui à penser, d’après les dernières études et d’après le recoupement des différentes sources, que Pyrrhon était un philosophe qui s’appuyait sur une métaphysique relativiste, proche d’une forme d’héraclitéisme, une métaphysique anti-aristotélicienne, qui remet en cause le principe de contradiction, donc un point de vue assez ontologique. Pyrrhon aurait été ensuite plus ou moins oublié jusqu’à ce que Énésidème le redécouvre et en invoque l’autorité tutélaire pour critiquer l’académisme qui, pour lui, n’était pas un véritable scepticisme. Énésidème  est donc aller chercher Pyrrhon, mais pour lui faire dire autre chose, qui est non pas un relativisme ontologique mais plutôt un relativisme épistémologique, inspiré également d’Héraclite. C’est très intéressant de voir aussi comment Sextus Empiricus critique lui-même Énésidème  pour son relativisme dogmatique. La position de Sextus-Empiricus apparaît alors comme le plus pur phénoménisme. C’est une philosophie qui essaie de réduire le plus possible l’apparence à ce qu’elle est, c’est-à-dire finalement pas grand-chose, si ce n’est une sorte d’immédiateté.

Julien Lacaille : Et en quoi le phénoménisme de Sextus se distinguerait du phénoménisme des sophistes, d’un Protagoras ou d’un Gorgias par exemple ?
Baptiste Bondu : D’après l’interprétation de Sextus, le phénoméniste des relativistes, et de Protagoras en particulier, n’est pas un véritable phénoménisme, mais c’est un phénoménalisme, en ce sens qu’ils vont  de la relativité des apparences à la relativité des choses, à la relativité de la nature. Pour Sextus Empiricus il y aurait un pas qui serait franchi chez les relativistes, à l’instar de Protagoras, entre les apparences et la nature, et il s’appuie peut-être pour cela sur des textes de Platon, notamment du Théétète, qui montrent que Protagoras se fonde sur une ontologie. La réponse de Platon, qui est de sortir du domaine des apparences, est remplacée chez Sextus par celle qui consiste à dire : il faut rester au contraire au niveau des apparences, parce que c’est le seul niveau que l'on puisse atteindre. En toute rigueur philosophique, c’est la seule chose dont on peut parler.

Julien Lacaille : Comment les autres écoles philosophiques ont-elles reçu les arguments de Sextus-Empiricus ?
Baptiste Bondu : On a en fait très peu d’éléments pour le savoir. Il y a une reprise des arguments sceptiques chez Plotin qui fait penser que Sextus a été lu par les Néoplatoniciens du IIIème siècle, mais il est tout à fait possible aussi que Plotin ait lu Énésidème  ou des Néo-Académiciens. Il ne faut pas oublier que les Néo-Académiciens étaient encore très populaires à cette époque, notamment à Rome. Ce sont eux que critique saint Augustin, lui-même passant par Plotin, donc on peut penser finalement que ce sont plutôt les Néo-académiciens qui étaient critiqués quand Plotin discute les arguments sceptiques. En fait, la postérité de Sextus Empiricus ne vient que beaucoup plus tard, c’est-à dire à la Renaissance, quand Henri Etienne va redécouvrir Sextus Empiricus, le traduire en latin. C’est seulement à partir de ce moment-là que Sextus Empiricus sera lu à travers l’Europe et connaîtra la postérité qu’on lui connaît, à travers Montaigne qui lui-même sera lu par Descartes, Pascal, etc., au point qu’on peut faire de Sextus l’un des fondements de la pensée moderne. Finalement, Sextus Empiricus aura surtout eu des lecteurs modernes, mais pas vraiment à l’époque antique.

Julien Lacaille : Mais justement, comment expliquer qu’après Sextus Empiricus le scepticisme ait disparu ?
Baptiste Bondu : Il est toujours difficile de faire des conjectures historiques sur les disparitions, mais on peut supposer qu’à partir du IIème siècle après J.-C. il y a progressivement une domination de la pensée chrétienne et que le scepticisme – même s’il a été réutilisé par les auteurs chrétiens à l’époque moderne – paraissait trop subversif. Si le néoplatonisme a pu se développer à cette époque, parce qu’il était selon l’expression de saint Augustin une voie vers le christianisme, le scepticisme quant à lui devait apparaître plutôt comme un égarement. Il était associé aux philosophies païennes, et de fait Sextus Empiricus était surtout en dialogue avec le stoïcisme et l’épicurisme, non pas avec des spiritualités de type néoplatonicien.

Julien Lacaille : Pour terminer, quel éclairage nouveau entends-tu apporter à la compréhension de Sextus Empiricus ?
Baptiste Bondu : Un des aspects que je voudrais développer est l’aspect phénoméniste de Sextus Empiricus qui n’a pas été suffisamment souligné jusque-là.

Julien Lacaille : Et il y a le livre de Jean-Paul Dumont sur Le Scepticisme et le Phénomène, tout de même…
Baptiste Bondu : Il y a certes le livre de Dumont, mais celui-ci parle beaucoup plus du phénoménalisme d’Énésidème, c’est-à-dire d’une forme de pensée qui considère qu’il n’y a dans la nature ou dans les choses qu’une seule réalité et que cette réalité, ce sont les apparences. Il donne une vraie épaisseur ontologique aux phénomènes : c’est peut-être le cas chez Énésidème, mais ce n’est pas du tout vrai chez Sextus. J’essaie donc de redonner une place particulière à la philosophie de Sextus Empiricus par rapport aux autres scepticismes et de montrer comment se déploie chez Sextus un scepticisme des apparences original par rapport aux autres pensées hellénistiques, qui sont toutes des pensées des apparences. Donc j’essaie de donner une importance philosophique à des textes qui, chez Sextus, étaient jusque-là considérés comme des témoignages sur d’autres auteurs et de voir comment se dégage un phénoménisme sceptique en travaillant, au sein même du corpus, les autres philosophies hellénistiques, le stoïcisme et l’épicurisme, mais aussi des sophistes comme Protagoras ou la Nouvelle Académie.

mercredi 21 décembre 2011

Réunion de l'Association des Doctorants de l'ED 139

Janvier 2012



Bonjour à tous,

Je reviens vers vous à la suite de la réunion solenne de l’école doctorale (samedi 10 décembre) pour vous faire part des projets de l’année 2012. Notre petite campagne de « prospection » ayant porté ses fruits (la liste Google Group ayant acquis 24 nouveaux membres), nous avons pu faire connaissance des nouveaux doctorants ainsi que de certains anciens. Dès lors, il serait temps de penser au devenir de l’association et, plus particulièrement, aux projets à réaliser pour l’année à venir.

Par conséquent, je vous propose de nous réunir dès janvier prochain. L’objectif de cette réunion sera :
1/ De réunir anciens et nouveaux doctorants ;
2/ De faire le point sur les nouveaux adhérents et sur les cotisations ;
3/ De répartir les tâches en lien avec l’association (animation et gestion du blog, adresse mail, facebook de l’association) ;
4/ De discuter des éléments à développer (quelles sont vos idées pour améliorer la cohésion entre doctorants ? quels sont nos objectifs pour l’année 2012 ? etc.).
5/ De procéder à un vote afin d’élire un nouveau bureau.

Pour ce faire, je vous envoie un sondage Doodle afin que nous fixions une date pour la semaine du 9 janvier : Voici donc le lien où vous pourrez inscrire vos disponibilités :
http://www.doodle.com/mzw2srp67e7q8u6y

Passez de bonnes vacances, bonnes fêtes à tous,

--
Kévin AUDUREAU
Doctorant en psychologie sociale
Laboratoire Parisien de Psychologie Sociale (LAPPS)
Université Paris Ouest Nanterre La Défense
Contact Skype : audureau.kevin

dimanche 11 décembre 2011

Soutenance de thèse : "Le temps hors de soi : L'expérience d'être ensemble temporellement dans l'improvisation musicale" par Rebecca Wheatley le vendredi 16 décembre à 10h00

"J’ai le plaisir de vous convier à la soutenance de ma thèse de doctorat de psychologie de la musique intitulée : « Le temps hors de soi : L'expérience d'être ensemble temporellement dans l'improvisation musicale » dirigée par les professeurs Maya Gratier et Michel Imberty."

Les membres du jury

Maya Gratier (Université Paris Ouest)
Michel Imberty (Université Paris Ouest)
Colwyn Trevarthen (Université d'Edimbourg)
Nigel Osborne (Université d'Edimbourg)
Dirk Moelants (Université de Ghent)
Lutz Fahrenkrog-Petersen (Université de Hambourg)

Résumé de thèse

"Ce travail s’attache à étudier l’interaction en direct entre musiciens de jazz, en se focalisant sur un des éléments les plus fondamentaux dans la performance improvisée, l’acte de jouer dans le temps avec un autre. Que se cache-t-il derrière cette qualité engageante de la musique quand des musiciens collaborent et se coordonnent entre eux pour qu’ils aient le sentiment de jouer ensemble dans le temps (selon leur propre expression)? Afin d’étudier les fondements musicaux et psychologiques de cette expérience, nous créons des liens entre la recherche ethnographique existante sur les pratiques de jazz et les études psychologiques sur le temps et sur le timing. Cette thèse comprend trois études empiriques. La première étude a cherché à décrire l’émergence de cette expérience du temps partagé dans des performances d’improvisation libre entre deux musiciens de jazz professionnels. La deuxième étude est une analyse quantitative de la performance d’une section rythmique (batteur et contrebassiste), qui a pour base une micro-analyse acoustique de la pulsation dans quatre versions d’une chanson. Dans la troisième étude on s’est intéressé à la façon dont des auditeurs dits ‘naïfs’ entendent une musique qui est ‘dans le temps’ ou ‘en dehors du temps’. Pour cela nous avons effectué deux études expérimentales sur la perception du timing inter-musicien par des sujets sans éducation musicale formelle, en leur présentant des extraits musicaux manipulés.
Dans leur ensemble ces études fournissent des preuves quantitatives qu’il existe une négociation temporelle dynamique entre les musiciens – un partage de temps – au niveau de la pulsation. De plus, ces résultats ont démontré la place centrale du développement narratif dans la performance musicale. L’influence de la construction est manifestée tant par l’organisation spontanée des improvisations musicales en épisodes structurés que par la mise en place collaborative de trajectoires expressive au niveau du développement du tempo local. Ces trajectoires constituent d’ailleurs une interprétation de l’oeuvre musicale. Ainsi, ces résultats montrent que les musiciens maîtrisent ensemble les trajectoires expressives de leurs performances, et ce à la fois au niveau de la pulsation et au niveau de la narrativité. Il découle de ce travail l’idée qu’une performance ‘réussie’ (caractérisée par un temps partagé) implique beaucoup plus de flexibilité temporelle que ce que les recherches antérieures proposent. Ces observations nous amènent à définir un forme nouvelle de timing entre musiciens, que nous appelons le timing participatif, et qui est fondé sur l’interaction interpersonnelle motivée et incarnée plutôt que sur les processus individuels de timing expressif."

La soutenance se déroulera le vendredi 16 décembre à 10h00 en salle B.015, Université Paris Ouest-Nanterre La Défense.

lundi 5 décembre 2011

Colloque : " Plotin et les Gnostiques. Par-delà la tétralogie antignostique "

Colloque en hommage à Pierre Hadot

Comité d’organisation             
Philippe Hoffmann (École Pratique des Hautes Études) Jean-François Balaudé (Université Paris Ouest Nanterre La Défense), Luciana Gabriela Soares Santoprete (LabEx HASTEC/CNRS-Centre Jean Pépin) Anna Van den Kerchove (École Pratique des Hautes Études-LEM)

Jeudi 8 décembre 2011 de 9h à 19h            

Institut européen en sciences des religions 14, rue Ernest Cresson, 75014 Paris               
M° Denfert-Rochereau, ligne 6

Vendredi 9 décembre 2011
Université Paris Ouest Nanterre La Défense Bâtiment F salle de conférences (352) Station RER A Nanterre-Université



Présentation du Colloque

" Ce colloque a pour objectif principal de démontrer la présence de la polémique antignostique chez Plotin en dehors des traités de la « tétralogie » explicitement antignostique (Traités 30 33), en montrant que la discussion avec et contre le gnosticisme est présente dès les premiers traités de Plotin (Traités 1 29) mais surtout qu’elle continue même après le « grand traité » (Traités 34 54). Pour ce faire, ce colloque réunit des spécialistes qui travaillent dans les deux domaines : histoire du gnosticisme et histoire du néoplatonisme grec. Un tel projet, fondamentalement pluridisciplinaire, est rendu possible à présent par deux avancées de la recherche dans les dernières décennies. Tout d’abord le développement des travaux philologiques sur les Ennéades de Plotin tout au long du xxe siècle, par la multiplication des traductions en langues modernes et des commentaires désormais attachés à interpréter l’œuvre et la pensée de Plotin non plus dans le cadre interprétatif de l’édition porphyrienne organisée selon un ordre systématique, mais selon l’ordre chronologique de rédaction des traités, qui permet de comprendre quelles sont les lignes d’évolution, ou les constantes, de cette pensée philosophique inaugurale pour l’ensemble de la tradition dite « néoplatonicienne ». Puis la découverte des traités gnostiques à Nag Hammadi qui permet enfin d’accéder à la pensée même des mouvements chrétiens « gnostiques » et de la comprendre en corrigeant l’information tendancieuse de la vaste littérature hérésiologique des premiers siècles chrétiens. La rencontre de ces deux séries de recherches permet désormais d’apprécier les informations sur les gnostiques apportées par Plotin, sa manière de citer et/ou déformer leurs propos, son art de l’allusion, de la polémique, et le rôle que ce rapport aux adversaires gnostiques – des individus en chair et en os présents dans la classe de Plotin à Rome – a joué dans le développement de sa pensée. En abordant, à partir de cette double perspective, de nombreux thèmes dans les traités autres que ceux de la tétralogie, il sera possible de mieux saisir non seulement les points de rupture de Plotin vis-à-vis des gnostiques, mais aussi les points de convergence – lesquels constituent la source véritable de leur débat. "

Jean-François Balaudé
Professeur de philosophie
Directeur de l'UFR PHILLIA
Université Paris Ouest Nanterre La Défense




dimanche 4 décembre 2011

Conférence du Prof. Hervé ABDI : " Goût et expertise: Nouvelles techniques pour révéler et analyser statistiquement les espaces perceptifs des experts et des novices pour le goût et l’odorat "

Vendredi 9 décembre de 10h à 12h
(Amphi C 2 (rez-de chaussée bâtiment C)



Hervé Abdi, Ph.D. est professeur à l’Université du Texas à Dallas,
School of Behavioral and Brain Sciences.*

Présentation

Il est très difficile de demander à des sujets non experts de décrire des stimuli gustatifs ou odorants ainsi que s’autres stimuli non verbaux comme les visages ou la musique. Songez, par exemple, aux descriptions souvent fantaisistes ou fantastiques que l’on entend parfois pour des vins. Comme dans beaucoup de domaines, les experts montrent des performances supérieures dès lors qu’il s’agit de décrire verbalement des stimuli qu’ils connaissent, mais cette supériorité peut s’attribuer à une meilleure organisation de leur mémoire sémantique comme à un espace perceptif plus différencié que celui des novices. Afin de pouvoir comparer l’espace perceptif des experts et des novices, il faut donc des techniques qui permettent d’évaluer cet espace en minimisant l’effet du vocabulaire. Ici nous présenterons quatre de ces techniques : les tâches de catégorisation (« /sorting tasks »)/, de placement (/« placing »/), cocher tout ce qui s’applique (/« check all that appply » /ou CATA), et profile flash. Nous présentons aussi l’analyse statistique des résultats de ces techniques grâce à une généralisation à trois dimensions de l’analyse des tableaux de distances appelée DISTATIS.

La conférence est en français

samedi 3 décembre 2011

Soutenance de thèse : "Pratiques et appropriation des Technologies de l’Information et de la Communication et intégration sociale des immigrés ; une étude de cas dans un milieu populaire urbain à Paris" par Mohamed BOUDELIA le samedi 3 décembre à 10h

La soutenance se déroulera le samedi 3 décembre 2011 à 10 h à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense, en salle B 015 (bâtiment B) et sera suivie d’un pot de thèse.

Membres du jury

- Jacques PERRIAULT, Professeur émérite en Science de l’Information et de la Communication, Université Paris Ouest la Défense et Conseiller scientifique au CNRS (ISCC).
- Michel ARNAUD, Professeur en sciences de l’information et de la communication, Université Paris Ouest la Défense.
- Anne-Marie LAULAN, Professeur honoraire, Université Bordeaux III.
- Michel DURAMPART, Professeur en sciences de l’information et de la communication,Université du Sud Toulon - Var (rapporteur).
- Alain KIYINDOU, Professeur en Science de l’Information et de la Communication, Université Bordeaux III (rapporteur).
- Belhadj KAMELI, Professeur en sciences Humaine et Sociale, Vice Doyen de l’Université Djilali Liabès, Sidi-Bel-Abbès (Algérie).
- Monsieur Pierre LECONTE, ex directeur du Centre Social BelleVille.

Résumé de thèse
"Cette thèse sera l’occasion de revisiter le débat sur la cohésion sociale des immigrés en s’appuyant sur les réseaux sociotechniques numériques. 
La société actuelle est caractérisée par de profondes mutations du fait que les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) sont omniprésentes et envahissent presque tous les champs de la vie sociale.
Cependant, ces mutations accélèrent et libèrent un formidable potentiel créatif de développement pour une partie de la population, excluant néanmoins les populations immigrées qui ne maîtrisent pas la langue du pays d’accueil et qui sont très éloignées de la culture TIC. Cette situation d’exclusion rend plus difficile leur intégration sociale.
Ainsi se dégage notre hypothèse : les situations de pratique et d’appropriation des TIC dans les réseaux numériques réels de l’éducation populaire peuvent être un levier pour la réduction de la fracture numérique et par conséquent représenter des facteurs impactant l’intégration sociale des immigrés, très éloignés de ces technologies nouvelles. Si oui dans quelles conditions cela est-il possible ?
Nous traitons cette question à partir de la relation pentagonale (appropriation  des TIC, intégration sociale, dispositif sociotechnique, médiation sociale et pédagogie numérique). L’enjeu est d’étudier un cas concret.
Effectivement, à partir d’un cadre empirique et spatial qu’est le quartier Belleville, nous avons montré comment les populations immigrées analphabètes ont pu acquérir un minimum de savoir-faire des TIC. Des tests inédits pour ce type de public ont permis d’évaluer les compétences : traitement de texte, maniement de l’ordinateur et navigation sur le Web.
Ce travail s’inscrit dans la double nécessité d’examiner les aspects sociocognitifs de l’apprentissage des adultes très éloignés des systèmes de l’information et de la communication et de proposer de nouvelles approches pour la conception des dispositifs techniques  de type espace public numérique ainsi que des  usages  TIC. "